Bokator : l’art martial cambodgien millénaire

Art martial millénaire cambodgien, le Bokator combine techniques guerrières, traditions et armes. Restauré par San Kim Sean, il est aujourd’hui enseigné en Cambodge et reconnu par l’UNESCO.

Le Bokator (ou Kun L’Bokator) est l’un des plus anciens arts martiaux du monde, issu de l’empire khmer. Conçu pour les champs de bataille et pratiqué depuis le Ier siècle, il regroupe techniques à mains nues, lutte, armes et combinaisons au sol. Inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2022, il symbolise aujourd’hui la résilience et la richesse culturelle du Cambodge.

Origines & évolution historique

  • Racines anciennes : Selon la tradition orale, Bokator aurait été utilisé par l’armée khmère avant même la fondation d’Angkor, combinant combat corps à corps, lutte et maniement d’armes.
  • Étymologie légendaire : Le mot provient de l’expression bok tao, signifiant « battre le lion », en référence à un guerrier mythique qui vainquit un lion à mains nues.
  • Techniques naturelles : Ce style s’inspire des animaux (lion, éléphant, singe…), ce que certaines sources situent dès le Ier siècle de notre ère.
  • Présence iconographique : Des bas‑reliefs des temples d’Angkor (comme Bayon) illustrent des figures de combat semblables aux techniques du Bokator.

Style et techniques

  • Polyvalence martiale : Bokator combine frappes (coude, genou, tibia), soumissions, lutte et combat au sol, ainsi que le maniement d’armes telles que bâtons et lances.
  • Rituel d’ouverture : Avant chaque combat, les pratiquants exécutent le Tvay Bangkum Romleuk Kun Kru, une danse rituelle accompagnée de musique traditionnelle pour rendre hommage à leur maître.
  • Tenues traditionnelles : Ils portent un krama autour de la taille et des sangvar day (cordon en soie) autour de la tête et des biceps ; ces accessoires étaient autrefois considérés comme protecteurs.

Système de grades et structure d’apprentissage

  • Maîtrise encodée : San Kim Sean, le maître réformateur du Bokator, a établi un système de grades basé sur des krama de couleurs — blanc, vert, bleu, rouge, marron, noirs (10 degrés) et or pour les grands maîtres.
  • Envergure contemporaine : Il existerait entre 8 000 et 10 000 techniques dans l’art non armé, dont environ 1 000 suffisent pour obtenir le krama noir.

Renaissance moderne du Bokator

  • Après la période des Khmers rouges où l’art martial avait disparu, San Kim Sean est largement crédité pour la revitalisation du Bokator à partir de 2001. Il a réuni des maîtres survivants et organisé les premiers tournois nationaux en 2006.
  • Vision institutionnelle : La création du Cambodia Kun Bokator Federation (CKBF) en 2004 a structuré la discipline avec le soutien de l’État et du Comité olympique national.
  • Rayonnement global : Bokator est aujourd’hui enseigné dans 13 provinces cambodgiennes et pratiqué à l’étranger via les diasporas, comme aux États-Unis, en Europe et en Australie.
  • Evénementiel et reconnaissance sportive : Il a été inscrit aux Jeux d’Asie du Sud‑Est en 2023, et des championnats se sont déroulés en Inde, renforçant son rayonnement international.

Bokator vs Kun Khmer

  • Part de l’histoire : Kun Khmer ou Pradal Serey est un style de boxe moderne et sportif dérivé du Bokator. Bokator reste un art de combat complet (corps à corps, armes, lutte) tandis que Kun Khmer se concentre sur les frappes de pied et poing en compétition sportive.

Conclusion

Le Bokator est un trésor martial du patrimoine khmer : un art de combat ancestral, riche de milliers de techniques, profondément enraciné dans l’histoire noble de l’empire khmer. Aujourd’hui revitalisé grâce à des maîtres comme San Kim Sean et soutenu institutionnellement, il incarne une renaissance culturelle majeure, traversant les frontières et les générations.

Retour au blog