
Du 30 avril au 8 septembre 2025, le Guimet présente « Bronzes royaux d’Angkor, un art du divin », une exposition majeure explorant 1 200 ans de bronzes khmers, restaurés et mis en scène pour la première fois en France.
Le Musée national des arts asiatiques – Guimet consacre pour la première fois une exposition d’envergure à l’art du bronze khmer ancien et contemporain. « Bronzes royaux d’Angkor, un art du divin » rassemble plus de 240 œuvres, dont 126 prêts exceptionnels du Musée national du Cambodge, restaurées en 2024 grâce au mécénat de l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine (ALIPH). De la métallurgie sacrée du IXᵉ siècle aux créations récentes inspirées par la tradition angkorienne, cette exposition explore le lien indéfectible entre pouvoir royal, spiritualité et savoir-faire artisanal

Contexte et genèse de l’exposition
Partenariat et restauration
Née d’une coopération inédite entre le Musée Guimet et le Musée national du Cambodge, l’exposition a bénéficié du soutien scientifique du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) et du mécénat d’ALIPH, qui a financé en 2024 la restauration minutieuse de pièces emblématiques.
Commissariat et publication
Sous le commissariat de Pierre Baptiste (Musée Guimet), David Bourgarit (C2RMF), Brice Vincent (École française d’Extrême-Orient) et Thierry Zéphir (Musée Guimet), l’exposition s’accompagne d’un catalogue détaillé paru aux éditions In Fine.
Un voyage chronologique
Du sanctuaire du Mébon occidental à la cour royale
Les premières œuvres, datant du IXᵉ–XIᵉ siècle, étaient avant tout des statues votives destinées aux temples hindouistes et bouddhistes d’Angkor. Sous Jayavarman VII (XIIᵉ siècle), le bronze devient vecteur de pouvoir divin : statues de bouddhas protégés par des nāga ou Bodhisattvas en bronze se multiplient dans les sanctuaires.
Métallurgie et innovation technique
Les artisans khmers maîtrisaient des techniques avancées de moulage à cire perdue, leur permettant de créer des bronzes à l’épaisseur parfaite et aux détails fins, comme en attestent les études menées par le C2RMF.

Chefs-d’œuvre restaurés
Le Vishnou couché du Mébon occidental
Point d’orgue de l’exposition, la statue monumentale du Vishnou couché (plus de cinq mètres à l’origine) a été restituée à Paris après une campagne de restauration scientifique en 2024. Une salle entière est dédiée à son histoire, de sa découverte en 1936 à sa remise en état.
Les gardiens de porte et divinités secondaires
Parmi les autres pièces majeures, des dvarapalas (gardien de porte) armés et des divinités secondaires en bronze doré illustrent la diversité iconographique de l’art angkorien.
Scénographie et médiation
Une muséographie immersive
Le parcours, organisé chronologiquement, met en scène les bronzes sur fonds sombres, accentuant leur présence sacrée. Des cartels interactifs et des reconstitutions vidéo plongent le visiteur au cœur des ateliers angkoriens.
Ateliers, podcasts et rencontres
Le Musée Guimet propose des ateliers de découverte de la fonte en bronze, des visites commentées et un podcast en quatre épisodes « Coulisses d’une restauration », donnant la parole aux restaurateurs et aux commissaires.

Enjeux patrimoniaux et universels
Protection du patrimoine cambodgien
Cette exposition marque un tournant dans la valorisation des trésors cambodgiens en exil : la mobilisation d’ALIPH témoigne des enjeux de conservation face aux conflits et au trafic illicite.
Dialogue entre traditions et créations contemporaines
Une section finale présente des créations actuelles de bronze inspirées par les techniques ancestrales, soulignant la vitalité d’un art vivant et en perpétuelle réinterprétation.

Impact et perspectives
Rayonnement international
En réunissant pour la première fois ces bronzes à Paris, le Musée Guimet renforce la reconnaissance mondiale de l’art khmer et son rôle dans l’histoire de la métallurgie sacrée.
Vers de nouvelles collaborations
Le succès critique et public de l’exposition ouvre la voie à de futurs prêts et partenariats entre musées européens et cambodgiens, consolidant un réseau de conservation transnational.