
Le krama, foulard cambodgien tissé artisanalement, est un symbole durable d’identité, de résilience et de créativité. Utilisé au quotidien comme en cérémonie, il incarne l’âme khmère.
Le krama (Khmer : ក្រមា /krɑmaa/) est bien plus qu’un simple foulard : c’est une pièce textile emblématique de l’identité khmère, utilisée à la fois au quotidien et lors de cérémonies, en coton ou en soie, souvent à motif à carreaux rouge ou bleu sur fond blanc. En 2024, il a été inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Histoire et héritage
Selon Hab Touch, directeur du Musée national du Cambodge, le krama remonterait à l’époque pré-Angkorienne, entre le Ier et le Ve siècle ap. J.-C. Des statues de divinités hindoues portaient déjà un pagne ressemblant à un grand krama. Il distingue les Khmers de leurs voisins (Thaïs, Vietnamiens, Laotiens) comme un marqueur identitaire fort.

Usages pratiques et symboliques
Polyvalent, le krama sert de couvre-chef pour se protéger du soleil, d’écharpe, de porte-bébé, de ceinture, de hamac pour enfant, de serviette ou même de ceinture pour transporter des objets. Il est aussi employé dans le jeu traditionnel “chol choung” ou comme outil symbolique au sein de l’art martial khmer bokator, où il sert à envelopper le corps et à exécuter des techniques de saisie. Plus globalement, le krama incarne la résilience, l’identité culturelle et le lien entre les générations.

Fabrication et savoir-faire
Fabriqué artisanalement sur des métiers à tisser traditionnels, le krama utilise du coton ou de la soie et des teintures naturelles extraites de végétaux ou d’insectes. Le tissage garde une place culturelle et sociale forte : les femmes dominaient la production, les hommes assuraient la collecte des matières premières, et les savoir-faire se transmettaient de mère en fille. Aujourd’hui, des groupes professionnels et des ONG assurent la formation aux techniques du krama.
Le krama dans la culture contemporaine
Adopté par tous – hommes, femmes, enfants, ruraux comme urbains – le krama vit au quotidien. Il est également présent dans les cérémonies religieuses, les célébrations communautaires.
Aujourd’hui, le krama revit comme symbole de la culture khmère moderne, réinterprété dans la mode et le design, et célébré par des projets artistiques et communautaires (comme le “Cambodian Krama Project”, valorisant son héritage à travers portraits et témoignages diasporiques).
Conclusion
Le krama incarne l’essence même du Cambodge : à la fois simple, utile, identitaire et profondément culturel. Tissé dans les mains des générations passées, porté aujourd’hui par tous, il relie l’histoire et le présent, la vie rurale et les cérémonies, les femmes tisserandes et les porteurs de mémoire. Véritable écharpe caméléon, il continue de tisser le fil de la khmèrité à travers le temps.